Chronique à peu près quotidienne de la lutte des classes vue
d’une Union Locale CGT
Le jeune salarié qui passe la porte (rouge) de notre Union Locale, la passe d’un pas décidé, avec l’air de celui qui ne veut pas s’en laisser conter.
Il nous apprend qu’il a d’ores et déjà été : à l’inspection du travail, aux Prud’hommes, à la CNIL, et que si on ne lui avait pas glissé à l’oreille à un moment de ses pérégrinations qu’il y avait dans ce pays des syndicats, il aurait fini par se traîner à genoux jusqu’à Lourdes ou cherché son salut chez les Témoins de Jéhovah. Les jeunes, on leur pas appris la CGT à l’école, et ils croient que les congés et la Sécu, c’est un don du Ciel. Bref.
Il a déjà déposé une plainte contre son employeur via la CNIL. Pourquoi ? Un matin, en arrivant au taf (une petite usine construisant des machines), il constate que l’atelier est tapissé d’une dizaine de caméras. Des qui tournent et qui te matent jusqu’au fond du calbute.
Depuis qu’il s’en est inquiété, puis qu’il s’est révolté, puis qu’il a déposé plainte, son patron se fout de lui et lui dit gentiment qu’il va le payer très cher. Pour l’instant, deux avertissements…
Le patron ? Un fils à papa qui ne connaît rien de son usine, et qui, lorsqu’il consent à y poser les pieds, sort de sa Porsche, entre dans son bureau, et passe sa journée à regarder la télé. Le programme ? Les ouvriers qui bossent…
Dans quelles conditions ? Pas de fenêtres, aucune aération, aucune sécurité, aucun équipement « obligatoire »… Pour l’instant, aucun accident mortel, mais le jeune nous dit que c’est une question de chance.
Bon, le gars sait ce qu’il veut, et en tout cas pas continuer de risquer sa vie et se faire emmerder tous les jours par un patron qui le poursuit et le harcèle, même à distance. L’autre jour, le taulier était en vacances au soleil et il l’a appelé pour lui dire de cesser de parler avec son collègue. Ben oui, les caméras…
Et c’est ainsi qu’un nouvel adhérent est né…
C’est beau le dialogue social non ?
