Hem: Systan, mis en liquidation, le repreneur licencie encore
Publié le 04/07/2013 Par
Les employées licenciées de chez Systan sont sorties du Tribunal de commerce, mardi soir, avec un sentiment d’écœurement. L’entreprise dont elles avaient partagé la vie depuis 20 ou 30 ans venait d’être déclarée en liquidation. Un fait malheureusement courant. Mais là, l’histoire leur est restée en travers de la gorge…
La société, qui travaille avec le milieu de la VPC dans le contrôle qualité et la vérification des colis, a été créée en 1979 et s’appelait alors Distrifac. Fin 2008, elle est rachetée par Systan. Elle employait 30 salariés, en juillet 2012, lorsque le gérant, M. Boudaout va devant le Tribunal de commerce pour demander la mise en redressement judiciaire de la société et faire acter 15 licenciements pour redresser la société qui va mal. Le syndicat CGT, à l’époque, avouait tomber de haut : « Le 27 juin, en délégation du personnel, la direction n’a pas parlé de cessation de paiement. Elle parlait de projet de restructuration. » En mars dernier, la direction retourne au tribunal de commerce : elle a décidé de licencier le directeur administratif, M. Talpaert, qui est aussi l’un des trois associés, avec M. Patrice De Roux. M. De Roux, lui, a aussi créé une société de conseil, DRIJA.
En mars, M. Talpaert, qui est aussi gérant d’une autre société, Persys Participations, est donc licencié. Le motif est toujours le même : sauver l’entreprise. Cela permet aussi de prolonger la période d’observation et de repousser le jugement du Tribunal de commerce qui est tombé mardi : mise en cessation de paiement et liquidation.
Revendue 11 500 euros !
Mais là où le bât blesse, c’est que le gérant, M. Boudahout a revendu l’entreprise à son ex-associé, M. Talpaert, pour 11 500 euros. Cela, ils l’ont appris au Tribunal de Commerce.
« C’est la société de gestion de fonds de M. Talpaert, SCT, qui a racheté Systan, et qui change le nom pour l’appeler désormais Persys Prestations. Avec la même activité. Il restait 14 salariés sur les 30, il n’en reprend que 12. Cinq encadrants pour 7 ouvriers. Mais ce qui nous écœure, tempête Pascale, une employée aujourd’hui sans travail, c’est que lorsqu’on regarde qui est dans cette nouvelle société, on retrouve les noms des anciens associés ! Ils ont juste changé de gérant. Ce sera M. Talpaert, et M. Boudahout sera directeur d’exploitation ! Leur million d’euros de dette a été apuré. C’est quand même incroyable ! Et aujourd’hui, on se retourne contre qui nous ? Il y a des actions aux Prud’hommes contre Systan, qui n’existe plus… »
Toutes les salariées licenciées s’estiment victimes de discrimination. « N’ont été licenciées que celles qui avaient fait grève… » ironise Martine. Cette grève avait été suivie par la CGT, la moitié des salariés, et non par l’autre syndicat, FO.
« On ne lâchera rien ! »
C’est donc la CGT qui soutient les licenciées, et Abdel Abdessalam, secrétaire de l’Union Locale CGT de Roubaix ne décolère pas. « Le gérant se déclare en faillite, il revend sa société à son pote, on change de nom, plus de dettes et tout cela est acté par le Tribunal de commerce ! Il y a du laisser-aller dans ce genre de procédure, c’est scandaleux. La nouvelle société est aux mains des mêmes personnes, je dénonce ce genre de méthode que le gouvernement a rendu légale ! On se déclare en faillite et on crée une nouvelle boite ! Et les salariés qui ont passé 30 ans dans l’entreprise peuvent s’asseoir sur leur emploi. C’est une véritable injustice et on ne lâchera rien. La nouvelle société n’endormira pas les clients avec un nouveau nom : ce sont les mêmes personnes ! Rien n’est honnête dans cette affaire. Il y a des dossiers aux Prud’hommes, et on ira jusqu’au bout. Des preuves ? L’administrateur a fait le boulot pour nous : tout est écrit dans le dossier ! Il faudrait interdire à ce genre de personne de racheter des entreprises. En attendant, des femmes se retrouvent en formation professionnelle à plus de 50 ans, c’est normal ça ? »
Nous avons tenté de joindre le gérant de la société ex-Systan, M. Malic Boudahout, mais le téléphone sonne dans le vide. M. Talpaert, le repreneur, n’était pas joignable non plus par le biais de sa société SCT.