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Même la Voix du Nord ne croit pas le richissime patron de Lemon Hotel !

 

L’hôtel Lemon sous tensions sociales et migratoires (PHOTOS)

 

Publié le 25/05/2013     Par La Voix du Nord

L’hôtel, situé chaussée Marcelin Berthelot, est sous tension. En cause: les conditions de travail, et l’hébergement de familles de migrants qui y résident.

Samuel Meegens (à droite), de la CGT, a donné l’alerte après que plusieurs salariés se soient syndiqués.

Les drapeaux rouges et les revendications tonnaient vendredi devant l’hôtel Lemon, situé sur le parking d’Intermarché, chaussée Marcelin Berthelot. La CGT s’est emparée de la situation, alors que plusieurs salariés de l’établissement, dont le directeur, se sont tournés vers le syndicat, se plaignant de conditions de travail difficiles, dues à des postes aux tâches étendues mais aussi à des difficultés liées à l’accueil de familles de migrants et des tensions qui en découlent régulièrement.

 

« Il y a encore quelques mois, j’étais réceptionniste, explique Nassim, employé dans cet hôtel tourquennois depuis 3 ans. Désormais, on me demande aussi de remplacer la femme de ménage deux matinées par semaine. C’est une tâche difficile à accomplir tout seul, l’hôtel s’est détérioré, à l’étage, seules deux douches sont dans un état acceptable. Et beaucoup de familles restent ici des années, elles viennent me voir, se plaignent. » Et de raconter également les plaintes de l’Afeji, association qui envoie les demandeurs d’asile dans ce type d’établissement, mais qui s’apprête à quitter l’hôtel. « Ils disent que ce n’est plus possible de loger les migrants dans ces conditions. » Des murs emplis de moisissures, des pièces minuscules aux lits affublés de matelas qu’on devine miteux… Les chambres qu’ouvrent les employés contestataires ressemblent effectivement à des taudis.

 

« Nous retrouvons ici un raccourci saisissant de la société dans laquelle on vit, souffle Samuel Meegens, secrétaire général de l’Union locale de la CGT de Tourcoing, brandissant un drapeau en attendant de pied ferme les dirigeants de la chaîne hôtelière. Des étrangers privés de droits, qui vivent dans un hôtel qui n’est pas fait pour ça, où les travaux nécessaires ne sont pas faits. Et en attendant, beaucoup d’argent public circule. » Les établissements hébergeant des demandeurs d’asile sont en effet rémunérés par l’État. Farid, le gérant de l’hôtel (qui ne souhaite pas que son nom soit cité) mais aussi porte-drapeaux des revendications à l’encontre des dirigeants de l’enseigne, chiffre à « 563 000 euros par an » l’apport d’argent public dont bénéficie l’hôtel tourquennois par le biais de l’hébergement de migrants. Un chiffre contesté par la direction parisienne : « Ce n’est pas ça du tout. Nous hébergeons 19 familles, alors faites le calcul : 19 fois 27 euros (le prix de la chambre), fois 365 jours… », tempête le chargé des opérations de la chaîne hôtelière, qui refusera de donner son nom. La somme totale serait donc de 187 245 euros. Aux côtés de ce dirigeant qui souhaite garder l’anonymat, David Dassin, co-gérant de la chaîne hôtelière. Il conteste point par point les revendications des employés syndiqués. À commencer par les travaux de rénovation qu’on lui reproche de ne pas effectuer, tout en empochant les bénéfices de l’accueil de migrants, ce qui lui permet d’avoir un hôtel toujours complet. « On a fait ici, entre 2011 et 2012 quelque 330 000 euros de travaux, je peux vous montrer les factures ! » Et de fait, il reçoit les journalistes dans une chambre à l’aspect plutôt propre. Mais alors, ces chambres miteuses du rez-de-chaussée, pourquoi n’ont-elles pas été rénovées, avec ces centaines de milliers d’euros ? Pas de réponse réelle, juste une précision : « Ces chambres, nous ne les louons plus. »

 

Oui mais voilà, pendant ce temps-là, Maria, réfugiée, en attente de régularisation depuis des années, vit dans l’une de ces chambres du rez-de-chaussée. Elle passe, la tête baissée. Elle ose à peine montrer l’endroit où elle vit depuis près d’un an avec son fils de 21 ans et son mari. Elle désigne les moisissures sur le mur. Soupire. Bien sûr, ce qu’elle voudrait, ce sont des papiers, une régularisation, une reconnaissance de son statut. Et ce qu’elle craint plus que tout, c’est que son témoignage ne la pénalise, qu’on l’oblige à quitter cet endroit, cette chambre de 9 m2 que pourtant elle n’aime pas. Elle ne l’aime pas mais elle n’a que ça. Elle regarde de loin les drapeaux rouges flotter et se cogner aux dénégations des dirigeants de la chaîne, qui imputent, de leur côté, tous les soucis rencontrés par l’établissement à une mauvaise gestion du responsable, Farid. Qui leur rétorque qu’on ne lui donne aucun moyen.

 

Et Maria pourrait bien penser que la seule chose sensée dans tout ça serait la phrase de Samuel Meegens : « Nous retrouvons ici un raccourci saisissant de la société dans laquelle on vit... »

 

BÉRANGÈRE BARRET

http://www.lavoixdunord.fr/region/l-hotel-lemon-sous-tensions-sociales-et-migratoires-photos-ia26b0n1275475

 

Updated: 26 mai 2013 — 19 h 38 min
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