La famille de sans-papiers arméniens, qui a trouvé refuge à la CGT, vit depuis deux mois dans les locaux du syndicat, rue de Lille, dans des conditions précaires. Hakob, Susanna, leurs parents et leurs deux enfants, ont fui leur pays.
Dans la pièce qui leur sert de maison, il y a un frigo, une table, des chaises, et deux lits, séparés de deux mètres. Un pour les parents et les enfants, l’autre pour les grands-parents. Et dans le couloir, une douche a été aménagée, avec les moyens du bord. « Il y a l’eau chaude », précise Susanna. Depuis deux mois, cette famille de six personnes vit ainsi, à la CGT, où ils ont trouvé refuge. « Tout est très difficile, c’est impossible de vivre comme ça, dit Susanna. Les parents sont âgés, c’est très compliqué. Je vais devenir folle. » « Très malade », elle brandit son dossier médical, explique qu’elle devrait être hospitalisée, qu’elle a besoin de « tranquillité ».
Tous les matins, le couple appelle le 115. « On nous dit « désolé mais il n’y a pas de place », et on note notre appel. » Jusqu’au mois de juin, il vivait au CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile), à la Croix Rouge, à Tourcoing. Mais leur demande a été rejetée par la préfecture.
Motif : leur situation ne rentre pas dans le cadre du droit d’asile. La famille a tout quitté du jour au lendemain, suite à un conflit personnel.
« Dans notre pays, on avait tout, reprend Susanna. On a tout perdu parce qu’on a eu de graves problèmes, des menaces de mort. » Le couple espérait que sa situation se régulariserait rapidement. « Est-ce qu’on a fait quelque chose de mal, je ne comprends pas, se demande Hakob. Toutes ces histoires de droits de l’homme, ce n’est pas la vérité. Grâce à la CGT, on a cette place mais jusqu’à quand ? C’est un pays socialiste mais personne ne s’occupe de nous. Personne ne nous explique pourquoi notre situation est comme ça. Tout le monde dit, on est désolés, bon courage. Comme demandeurs d’asile, nous n’avons pas de droit. Mais comme être humains, on devrait en avoir. » Susanna regrette d’être venue en France mais estime que désormais, ils n’ont « pas le choix ». w
F.SA.
Nord Eclair
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